Vous pouvez dire que vous n'avez besoin de personne; que vous êtes capable de vous satisfaire de vous-même. Cela peut être vrai pour vous. Pour un certain temps.
Mais l'expérience humaine n'est-elle pas aussi de créer des connexions les un.e.s avec les autres?
J'ai souvent crû que je ne pourrais pas me faire de nouveaux amis après l'âge de 30 ans. Eh bien, cela ne peut être plus éloigné de la vérité. Même ma mère, qui fête ses 79 ans cette année, s'est fait de nouveaux amis récemment.
L'amour va au-delà des âges et des races. La seule barrière que l'amitié peut avoir, c'est de ne pas croire que cela puisse arriver, c'est de ne pas tendre la main aux autres.
J'ai récemment rencontré des gens incroyables sur le tournage de notre (ma !) première séance photo. Des connexions étonnantes se sont créées dans un beau vignoble lors d'une jolie journée grise de juillet. Ce jour restera gravé dans ma tête à jamais, non seulement parce que j'étais ravi de laisser enfin sortir mon côté créatif, mais surtout de la façon dont la vie provoque des hasards mystérieux.
Notre amie Judith (nous t'aimons tellement !) est arrivée dans la grange où nous préparions le tournage, en pleurant. Ma première réaction a été de découvrir pourquoi elle se sentait comme ça. Il devait bien y avoir une solution à ses pleurs. Mais Judith pleurait de... joie. La joie d'avoir rencontré une belle âme.
Parce que Judith venait de rencontrer une nouvelle amie.
J'aurais aimé faire partie de ce trajet en voiture entre Montréal et St-Armand où Judith a rencontré Gabrielle. Mais je suis aussi content de ne pas l'avoir été. Les liens naissent du partage. Judith a rencontré Gabrielle et c'est le genre d'amitié qui se compare à un coup de foudre, facile, sans barrières. La première définition de l'amour, après tout, est un sentiment intense d'affection profonde.
J'ai demandé à Gabrielle si elle connaissait une organisation que je pouvais soutenir dans le but de redonner à la communauté. Elle a suggéré Interligne, une ligne téléphonique de support pour la communauté LGBTQ+. C'est ainsi qu'une énorme vague m'envahit, une vague positive mais dure; le passé rejoignant le présent dans une danse puissante.
Interligne avait un nom différent quand j'avais 15 ans. J'avais appelé Gai-Écoute deux fois lorsque je me sentais incompris.e ou maltraité.e. Mais une nuit d'hiver, j'ai rappelé. Cette fois, j'étais sur le bord d'en finir, de tout quitter. Je ne me souviens plus du nom de la personne au téléphone. Mais il était là pour moi, il ne m'a jamais raccroché au nez. Il a écouté mon désir de mourir, façon de stopper la douleur que je ressentais. La douleur d'être différent.e est réelle, oh bien réelle.
Ne vous laissez pas berner en pensant que les choses sont plus faciles maintenant. Elles ne le sont pas toujours, surtout pour les jeunes. Ma vie est effectivement devenue plus facile avec les années qui passent. Mais quand j'étais impuissant.e et que je n'avais personne à qui me confier, j'ai toujours eu Interligne à appeler. C'est pourquoi nous avons BESOIN qu'Interligne reste en vie. Nous avons besoin de ce type de soutien pour soutenir les générations futures.
Je n'étais pas dans la voiture ce jour-là avec Judith et Gabrielle mais j'ai certainement senti l'effet de cette amitié irradier en moi. Judith m'a rappelé comment les émotions doivent vraiment être vécues et Gabrielle m'a rappelé quelle est ma mission.
Toujours choisir l'amour,
M.
