À l'époque, je travaillais comme planificateur.trice financier. J'ai souvent dû faire des présentations techniques financières devant de grands groupes pour le travail. J'aimais enseigner aux gens des concepts financiers qu'ils pourraient utiliser à l'avenir. Même si présenter était vraiment une de mes forces, c'est lors d'une présentation que j'ai ressenti de l'anxiété pour la première fois.

Un matin, je suis au bureau d'une grande entreprise technologique, au centre-ville de Montréal. Je fais une présentation en toute confiance devant un groupe d'employés très brillants, quand soudain… Je sens que quelque chose ne va pas, comme si mon cerveau se déconnectait du reste de mon corps. La seule chose dont je me souvienne, c'est d'avoir pris une bouteille d'eau et d'avoir tout bu. Et puis tout est devenu noir. Totalement.

J'ai repris mes esprits vingt minutes plus tard quand mon collègue m'a donné une tape sur l'épaule : ''super présentation Mike''. Avec le recul, c'est à ce moment précis que je suis devenu paranoïaque à l'idée de présenter en public, même si j'adorais ça. Qu'est ce qui a changé? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal? Est-ce que je n'ai pas bien dormi ? Est-ce que j'ai bu la veille ? Est-ce que j'ai mangé quelque chose de mauvais ? Tant de questions se sont précipitées dans mon cerveau, toutes à la fois. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Rien. J'ai continué comme si de rien n'était.

Deux mois plus tard, ça m'est encore arrivé, dans le métro cette fois. J'ai soudain ressenti le besoin d'enlever mon manteau d'hiver et mon foulard au plus vite. C'était comme si j'étais sur le point de faire un arrêt cardiaque et que j'étais sur le point de mourir. J'ai attendu ma station et je me suis précipité.e dehors. La maison n'était qu'à 600 mètres de marche mais j'étais paralysé.e et je ne pouvais pas bouger. À ce jour, je ne me souviens toujours pas comment je suis rentré.e chez moi. Je me souviens m'être réveillé.e devant le foyer en mangeant de la crème glacée, complètement vidé.e.

Puis la même liste de questions me revient à la tête. Étais-je malade ? Qu'est-il arrivé? Qu'est-ce que j'ai fait ensuite ? Googler les symptômes ? Demander à mes amis et ma famille? Non, je n'ai absolument rien fait. Encore. Jusqu'à ce que je m'ouvre enfin à la personne avec qui je sortais, résident en médecine, qui m'a dit : "Tu souffres probablement d'anxiété et tu devrais voir un médecin."

Diagnostic : TAG – Trouble anxieux généralisé

C'est alors que le voyage médicamenteux a commencé. Surprise! Vous êtes maintenant ''étiqueté.e'' avec un problème de santé mentale ET l'heureux.se gagnant.e d'une adhésion à vie à des prescriptions ! C'est une pilule difficile à avaler (sans jeu de mots) pour un.e jeune professionnel.le (ou pour n'importe qui d'ailleurs) de prendre du recul et de réaliser que vous n'êtes plus un.e surhumain.e. Que ferais-je ensuite ? Ai-je besoin d'un nouvel emploi? Comment puis-je résoudre ce problème! La roue tournait 😵‍💫, tournait fort.

C'est alors que j'ai commencé.e à avoir de vraies conversations à ce sujet, en parlant à des amis et à ma famille pour découvrir que je n'étais pas seul.e. Certain.e.s de mes amis prenaient même exactement le même médicament. J'ai demandé à mon médecin de m'expliquer la cause profonde. Elle est restée vague, m'a dit que c'était une maladie très courante et que je pouvais faire des recherches là-dessus. Et j'ai fait. J'ai fait BEAUCOUP de recherches : bibliothèque, articles scientifiques, Google (un de mes meilleurs amis). J'étais en quête !

Passons à aujourd'hui, l'anxiété et le stress ne m'ont pas tué. En fait, dix ans plus tard, je ne prends plus de médicaments et je suis vraiment heureux.se. Qu'est-ce que j'ai fait? Beaucoup de changements. La vie est une succession de choix. J'ai choisi d'être heureus.se et de vivre paisiblement sans trop de stress. C'est MON choix.

Mon choix a également été d'obtenir une aide professionnelle. Shrinks, psychologues, appelez-les comme vous voulez. Vous en avez besoin ! Croyez-moi, vous devez comprendre la cause profonde de cette déconnexion.

J'adore le monde de l'entreprise mais il a ses défis, nous en reparlerons dans les prochains articles. Mon conseil : ne vous limitez pas et voyez ce qui vous convient le mieux. Ai-je raté des opportunités ? Peut-être. Ai-je moins bien réussi ? Je ne pense pas.

Je vous laisse avec quelques paroles des années 90 d'une de mes artistes préférés : ''You choose, you learn''. Merci Alanis.

M.